La rencontre...

Publié le par virg et fred

Cela fait maintenant un peu plus d'un an (déjà!!!) que mes nouveaux hôtes me connaissent. J'ai bien envie de vous raconter comment s'est passée cette rencontre...

Pendant quelques mois, je me suis retrouvée seule avec mes murs et mes souvenirs, me repassant mes longues années, et surtout les cinquante dernières pendant lesquelles j'ai vu une  famille grandir. Puis voilà que deux voitures s'arrêtent à mon entrée, que l'on ouvre mes vieux volets grinçants et que trois personnes se baladent dans chacune de mes pièces et m'examinent minutieusement. Cà discute, ça se projette dans l'avenir, çà réfléchit puis on referme tout et on me laisse à nouveau seule. J'attends...Croyez moi, il n'est pas facile pour une bâtisse de mon âge de rester seule après tant d'années passées à abriter du monde. Mais je ne me suis pas laissée aller et je me suis promise de me montrer sous mon meilleur jour à chacune des visites que je recevrai! Puis par une matinée ensoleillée, à nouveau deux voitures (dont une que j'avais vu quelques jours plus tôt) me rendent visite.

Ils rentrent par la cuisine et jettent des regards déplaisants... un mélange d'étonnement et de méfiance. Ils grimacent même et font des remarques désobligeantes sur mon intérieur! Regardez par vous mêmes comme j'étais belle avec mes placards intégrés et ma cuisinière (presque) flambant neuve. Le type commence à regarder mes murs bombés et... la femme sourit en regardant mon plafond! Pas un sourire moqueur mais plutôt un sourire de satisfaction presque rêveur. L'autre taciturne s'intéresse maintenant à ma fenêtre et cherche à comprendre s'il est possible de la fermer hermétiquement... Moi qui m'étais donnée tant de mal à la courber pour ne pas voir arriver une VMC et ses nuisances sonores, il pouvait chercher longtemps avant de pouvoir m'empêcher de respirer par cette fenêtre! Je me suis donc appliquée à recevoir comme il se doit sa charmante compagne.

Ils passent maintenant dans la chambre... et le pragmatique de poser la question sur "la fenêtre cassée"! Je n'y suis pour rien et je ne chercherai pas à l'en persuader mais j'accompagne la dame qui semble s'imaginer au pied du foyer de la cheminée. Pendant ce temps, monsieur le pointilleux va même inspecté le placard, des fois que j'y cacherais quelque chose d'inavouable!!

La visite continue par mon grand couloir digne d'une grande demeure! Je vous passe les détails de notre inspecteur de la police scientifique qui examine mon bout de mur mis à nu (je n'en pouvais plus de tout ce plâtre partout), regarde le carrelage légèrement fendu... Sa bien aimée semble moins apprécier cette pièce que les deux précédentes mais je ne m'en fais pas: ce n'est qu'un couloir. Et il est vrai qu'il y fait sombre quand on oublie d'ouvrir le volet de mon ancienne porte d'entrée! Je conçois également que l'habillage de mes murs ne lui sied pas tout à fait, elle semble trop jeune pour apprécier ces motifs et ces couleurs chatoyantes.

Direction la chambre sud-ouest et... j'ai cru qu'ils allaient partir immédiatement. Mon propriétaire précédent avait négligé cette pièce pendant quelques années (pour ne pas dire décennies) et l'accueil a été quelque peu rude : salpêtre, traces de vrillettes, parfum de mousson, papier peint ancien, poussière épaisse... Tout était réuni pour décourager la majorité des gens.

Mais ils ont continué en passant dans le salon. Les deux ont immédiatement lever les yeux vers le magnifique lustre qui ornait la pièce mais j'ai rapidement compris qu'ils ne l'admiraient pas. C'est dans ces moments là que l'on comprend tout le sens de l'expression "rupture générationnelle". Bizarrement, le type n'inspecte pas les recoins aussi minutieusement que dans les autres pièces. A peine regarde-t-il en bas pour voir l'état du plancher sous mon revêtement de sol protecteur. Elle grimace en regardant le canapé et les beaux fauteuils assortis et envoie un regard amusé au fouineur. Je m'insurge et crie que le mobilier n'est pas de mon fait, que je ne fait qu'abriter ces choses mais ils ne m'entendent pas. Il faut généralement quelques temps avant que mes habitants communiquent avec moi...

La partie s'annonce difficile avec la prochaine pièce: une chambre mais avec d'attraits. Plus petite, sans parquet, un globe lumineux comme lumière... «Ne vous attardez pas dans cette pièce mes petits! Il faut savoir que c'est une ancienne salle de bains pour comprendre la différence. D'ailleurs allez voir la salle de bains actuelle!», hurlais-je... toute seule... L'avantage de cette pièce est que notre inspecteur des travaux finis en a eu vite fait le tour et qu'il n'y avait rien à dire à mon sujet. Enfin c'est ce que je crois, mais j'ai surpris quelques conversations qui m'indiquent un changement futur assez radical, mais avec un manque d'imagination évident (la salle de bains reviendrait dans cette pièce).

Je parle, je parle et je ne m'arrête plus! Je vais aller un peu plus vite pour la suite. D'une part parce que je suis moins fière de ma partie nord, d'autre part parce que je ne voudrais pas vous endormir. Je sais que certains sont au travail en ce moment! Mes invités du moment passent donc à présent ma grange réhabilitée en garage et salles d'eau.












Ils parcourent rapidement la salle de bain (et là encore notre "Monsieur le fouineur" détecte la subtilité qui évite l'utilisation d'une VMC) , le couloir de services avec son évier très grand et très pratique, qui amène dans les WC et le garage. Le garage n'était pas dans son meilleur état. Mon précédent propriétaire y entreposait sa cuve à fioul et tous ses ustensiles pour manipuler ce produit nauséabond. Et je vous parle même pas de l'ancienne réserve à charbon que l'on aperçoit entre le chauffe-eau et la cuve.

Au deuxième soir après la visite précédente, revoilà nos deux mêmes voitures de la dernière fois accompagnées d'une troisième! «J'ai dû faire une touche quand même», me suis-je dis à ce moment là.

On ouvre à nouveau mes volets et la visite recommence. Les volets qu'on ouvre, les recoins que l'on inspecte, les murs que l'on sonne, les pièces que l'on mesure, la tapisserie qui déconcerte toujours... Ils parlent de moi, m'évaluent, se renseignent, échange des informations et annoncent qu'ils souhaitent m'acquérir. Sur le moment, imaginer le rabat-joie en mes murs ne fut pas une impression agréable mais il y avait la jeune fille et son éternelle sourire. Après tout, ils projetaient de me rendre une nouvelle jeunesse...
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F
J'avis déjà entendu  parler de toi "ruine à nous" mais je ne t'avais pas encore vue, je te découvre enfin à travers tes photos et en effet tes occupants sont trés courageux pour te rendre la bonne mine.Tu peux compter sur eux, ils se donnent beaucoup de mal, et tu leur rendra sans doute.Bientôt je viendrais te voire moi aussi pour te découvrir et peut être faire des commentaires sans te blesser bien sur.  j'ai hâte !Embrasse tes propriétaires pour moi ..... A bientôt
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M
Enfin, voilà l'histoire d'une nouvelle vie pour toi "ruine a nous" !!  Il me semble que tes nouveaux amis ont déjà bien pris soin de toi, et se donnent bien du mal, entre déblayage, débrouissalliage, coup de balais , ils jouent de la truelle, du marteau et autres ...Je te souhaite une bonne rénovation afin de voir de nombreux visiteurs te complimenter sur ta nouvelle apparence .. à plus
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S
Et oui mamie!!!!Tu as tapé dans l'oeil aux minauds.Pour avoir fréquenté un peu tes nouveaux occupants, je peux te dire que le poitilleux fouineur et comme ca en toutes circonstances. Il faut le prendre pour toi. Il cherchait (déjà à l'époque) juste à entrevoir la manière la moins douloureuse et la plus efficace de te rendre tes 20 pintemps.Apres un bon lavement, une bon ravalement de facade et une épilation intégrale du devant, des nouveaux carreaux de lunettes... tu seras de nouveaux la plus belle; et ca, ca vaut bien qq reflexions du rabat joies...Par contre je dois te prévenir, compte pas sur ces 2 là pour avoir la paix!!! PS: Je t'ai parlé de la chirurgie esthétique?!Bon courage pour ca aussi
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